Sortir de l’Établissement Public Expérimental (EPE) : c’est possible !
Après la fusion des universités en 2018, c’est l’Établissement public expérimental (EPEX) qui nous a été imposé comme nouvel horizon de l’université de Lille. Les élections du 8 au 10 novembre 2021 des conseils centraux doivent mettre en place les structures de « gouvernance » de l’EPEX. Mais, attention, il ne s’agit que d’une « expérimentation » censée ouvrir la voie à l’institution d’un « Grand établissement » au plus tard en 2027. Or l’EPEX comme le futur Grand établissement sont dérogatoires à de nombreuses dispositions du Code de l’Éducation, la seule protection dont les étudiant·e·s comme les personnels disposent pour se prémunir contre le triomphe d’un management néolibéral et technocratique et pour garantir un minimum de fonctionnement démocratique – même si le Code de l’Éducation est loin d’être satisfaisant en l’état actuel du Code.
La présidence sortante avait refusé d’organiser un référendum. Nous l’avons organisé dans le cadre du collectif Epexit, avec le soutien de la CGT, de la FSU et de SUD. Le résultat était sans appel : près de 90 % des personnels et étudiant·e·s qui se sont exprimé·e·s étaient opposé·e·s au projet d’EPEX. C’est pourquoi les élections aux conseils de l’université de novembre 2021 doivent être l’occasion de donner un coup d’arrêt à la transformation de notre Université en « Grand Établissement ». Si vous nous accordez votre confiance par le vote, nous lancerons la procédure prévue pour mettre fin à cette soi-disant « expérimentation » !
Face à la destruction technocratique de l’université, redonner du pouvoir aux personnels et aux étudiant·e·s
Loin de la promesse de « l’harmonisation vers le haut » et d’une visibilité nationale et internationale qui offrirait davantage de perspectives pour tou·te·s, la fusion des universités lilloises s’est réalisée sur l’air du « quoiqu’il en coûte » pour la majorité des personnels et des étudiant·e·s. Les emplois ont continué à être supprimés alors même que la démographie étudiante et les réformes (Parcoursup, refonte des études de santé) ont considérablement accru les charges qui pèsent sur les personnels. Les acquis négociés avant la fusion ont subi rapidement le coup de rabot : ainsi en est-il du nombre de jours de congés pour les BIATSS (perte des 3 jours de congés en 2019).
« Gouvernance » éloignée du terrain, « armée mexicaine » de vice-présidences, refonte incessante des services centraux, déploiement non accompagné de logiciels de gestion, transfert non organisé de missions vers les composantes, fusions de composantes à marche forcée, suppressions d’emplois : telle a été la politique mise en place par l’équipe présidentielle et soutenue par les listes non syndicales – soi-disant d’opposition – qui ont siégé dans les conseils centraux de l’Université. Cet unanimisme zélé n’a en rien effacé la réalité de la destruction des collectifs de travail et la dégradation des conditions d’étude à l’œuvre depuis 2018. Le mal-être au travail, la perte de sens de nos métiers et la précarité des personnels comme des étudiant·e·s sont devenus l’identité de cette « université d’excellence » !
L’urgence est de redonner la parole aux personnels et aux étudiant·e·s, de les écouter, de prendre en compte leurs propositions pour remettre l’exercice des missions de service public d’enseignement supérieur et de la recherche au cœur du projet de cette université perdue dans cette course au gigantisme qui n’a satisfait que l’intérêt de quelques un·e·s.
Pour en finir avec le syndrome du bon élève qui maintient notre université dans l’impasse libérale, il est urgent de changer de stratégie et de direction !
À longueur d’année, dans le calme feutré des conseils centraux, les dirigeant·e·s de notre université se sont plaints de l’insuffisance des moyens financiers et humains alloués par les tutelles. Il n’y a pourtant pas un appel à projet d’excellence auquel notre université n’ait répondu avec diligence. Alors même qu’il aurait fallu crier haut et fort contre le scandale du désengagement de l’État vis-à-vis des universités, le gouvernement ne pouvait rêver mieux que cette direction d’université pour mettre en place avec zèle l’ensemble de ses préconisations : Parcoursup et la loi ORE, le découpage des formations en blocs de connaissances et de compétences, la mise en application de droits d’inscriptions prohibitifs pour les étudiant·e·s extra-communautaires, la réforme des formations de santé sans les moyens nécessaires pour la mettre en place, ou dernièrement les statuts de l’EPEX et les chaires juniors introduisant des inégalités supplémentaires de traitement des enseignant·e·s-chercheur·e·s… !
Personnels et étudiant·e·s ont eu droit à une politique de communication qui visait avant tout à faire croire que tout allait bien ou que tout irait mieux. Le décalage entre l’image dont voulait se parer la présidence et la réalité du quotidien des personnels et étudiant·e·s n’a jamais été aussi grand.
Cette politique néo-libérale déployée depuis maintenant 4 années au sein de l’université de Lille correspond-elle à vos attentes ? A-t-elle amélioré votre quotidien au travail et vos perspectives professionnelles ? Si vous ne voulez pas à nouveau remettre les clés de la direction à des administrateurs faibles et serviles, d’abord intéressés au maintien de leurs positions, donnez votre voix à celles et ceux qui défendent une université respectueuse de ses personnels et de ses étudiant·e·s, accessible au plus grand nombre, et non soumise aux intérêts du marché, garantie d’indépendance. Nous serons d’autant plus forts et plus fortes pour porter ces revendications positives que vous nous soutiendrez. L’enseignement supérieur et la recherche publics, dans notre région, ont déjà relevé par le passé des défis bien plus importants.
Tout ce que nous dénonçons et revendiquons ne dépend pas uniquement de l’établissement, nous en sommes bien conscient·e·s. Mais nos engagements locaux s’articulent avec les combats que mènent également au niveau national les organisations syndicales qui soutiennent ce programme et nos listes.
Ensemble, nous irons enfin dans le sens d’un progrès collectif. Pour les étudiant.e·s, pour les personnels et pour notre société, qui ont urgemment besoin d’une université publique forte, démocratique et émancipatrice.